Les régions chinoises productrices de thé offrent une telle beauté, une telle diversité, qu’il s’avère plutôt difficile de trouver les mots qui puissent leur rendre hommage. Il faut néanmoins souligner que là où poussent les grands crus, la nature est puissante et resplendissante de toute part. L’atmosphère des jardins de thé oscille entre mystère et rayonnement. Au milieu de la végétation, le Qi des théiers vibre avec une force sereine. Certains thés ne sont pas délicieux par hasard. Lorsqu’on se promène dans les lieux de production, on comprend vite l’influence de l’environnement sur la qualité du thé. L’air et les sources purs, la richesse du sol, la végétation, l’écosystème favorisent évidemment un environnement sain et plein d’énergie. De nombreuses plantations (crus célèbres) sont agencées selon la géomancie traditionnelle (Feng Shui), témoignant de l’harmonie entre l’Homme et la Nature et apportant au thé des bénéfices indéniables.
On en vient donc au talent de ceux qui perpétuent les traditions, de la culture à la fabrication, tout en faisant preuve d’innovation. C’est une des forces du peuple chinois : aller de l’avant, inventer, innover. Le passé n’en est pas pour autant oublié (qu’on se rassure !). La modernité côtoie l’ancien en toute harmonie et de manière naturelle. Et c’est avant tout un état d’esprit, qu’on peut facilement observer chez les producteurs de thé, qui savent marier la connaissance empirique aux moyens techniques les plus raffinés. Les gens qui travaillent le thé apportent leur empreinte, faite de concentration, de finesse et de savoir faire.
La Chine poétique existe toujours : elle peut aisément se percevoir dans les régions de thé, parfois de manière très évidente, ou parfois discrètement logée dans d’infimes détails. Certains lieux sont “hors du temps”, et on se croit parfois transporté à l’époque de Lu Yu… Mais au pays des paradoxes, on est jamais à abri d’une surprise. En fait, en Chine, on apprend à ne pas s’attacher, on est immergé dans le changement perpétuel et rapide. Alors on vit le moment tel qu’il est, sans rien attendre. Et c’est ainsi qu’on peut apprécier les subtilités de la culture chinoise. Quant au thé, il permet, lui aussi, de savourer l’intensité de l’instant. Je dirais même plus, c’est dans l’intensité de l’instant qu’on apprécie le thé au mieux.
Le thé nous met non seulement en lien avec la nature du lieu où il est produit, mais aussi avec les personnes qui le fabriquent, et plus largement avec l’énergie du pays. C’est donc la culture millénaire du thé que nous savourons dans une simple tasse de thé chinois. Un cru de qualité doit offrir cette vibration unique qui s’apprécie au delà des critères physiques. Le thé doit être vivant.
Par exemple, un thé vert tout frais doit avoir le pouvoir de transmettre toute l’énergie des jardins au moment des récoltes printanières : les gens qui s’affairent, les insectes bourdonnants, les milles et une nuances de verts, les oiseaux qui virevoltent, la symphonie de la nature qui renait. On peut ressentir tout cela. Il faut bien sur être ouvert, et laisser tomber les considérations intellectuelles.
La Chine du thé offre un certain romantisme et un raffinement simple, naturel. Le soin apporté à cette plante si particulière, à toutes les étapes de son existence (culture, fabrication, préparation, dégustation) montre bien l’enracinement de la connaissance du thé, dans ce pays qui est son berceau. Ce très haut degré de délicatesse ne se trouve nulle part ailleurs.
Bref, dans une tasse de thé, on perçoit l’esprit de la plante, l’esprit du lieu de production, l’esprit de ceux qui en ont prit soin, l’esprit de toute une culture. Certes, le terroir, le climat, la fabrication (…) déterminent la saveur du thé, mais il ne faut pas négliger l’influence de la culture, de l’histoire et de la vibration du pays dans lequel il est produit.
Poème de Jiao Ran :
Après avoir bu une tasse de thé,
on ne se sens plus hébété,
Mais aussi ouvert que le Ciel et la Terre
Si l’on en boit encore une tasse
C’est comme si l’esprit avait été nettoyé
par une douce pluie.
Après la troisième tasse,
on comprend la nature des choses.
6 commentaires sur “La saveur de la Chine du thé”
vacuithe
incroyable troisième photo !
cet endroit existe vraiment pour de vrai ?? ô_O'
c'est un endroit "aménagé" (paysagé) par l'homme ? naturel ?
Nicolas
Vraiment un excellent article, il me tard un jour de découvrir ces lieux, cette culture.
Merci Charlotte pour ces morceaux de vérité loin de l’interprétation intellectuelle.
Charlotte Billabongk
Sebastien : l'endroit existe vraiment ! On peut le voir à Hu Pao (la source des tigres galopants) près de Hangzhou (Zhejiang) où l'eau et la nature règnent, même si l'homme a participé a certains aménagements. Ce que l'on voit sur la photo est naturel, et c'est réellement incroyable, en effet.
Nicolas : si tu peux un jour découvrir ces lieux et cette culture, ce sera une merveilleuse expérience, d'autant plus si tu sens un lien particulier avec le pays… Merci à toi d'avoir saisi ce que je voulais dire. C'est tellement difficile de transcrire certaines choses par les mots !
David
Des photos et des impressions de Chine comme on aimerait en voir plus souvent. Un immense merci.
Anonyme
Toutes ces photos sont absolument sublimes !!! Un régal pour les yeux 😉
Charlotte Billabongk
Contente que cela vous plaise !
Merci à tous.