Jeju Ujeon (Woojeon) 2012
J’ai découvert les thés de Corée il n’y a pas si longtemps. Et c’est quelque chose de tout à fait unique, cela va sans dire. Au niveau du thé lui-même, on est à la frontière entre la Chine et le Japon, mais on est surtout dans la singularité coréenne. En France, j’ai constaté que la culture coréenne en général reste peu connue, et celle du thé semble l’être encore moins. Pourtant, la Corée a développé son propre Art du Thé, dans le plus pur Esprit du Thé, et dans la lignée des grands maîtres chinois des temps anciens. Cela représente un point très important, car le thé produit dans ce pays est donc issu d’une tradition ancienne et riche.
Les différents lieux de production se situent plutôt dans la partie Sud du pays, où l’on a constaté que le thé ne s’acclimatait que dans certains terroirs spécifiques. Naturellement, chaque région offre ses particularités, que ce soit au niveau de la richesse de la terre et de l’environnement, du climat, ou des traditions locales. On trouve en Corée une majorité de thés verts, mais aussi, des thés fermentés (oxydés), proches des thés wulong, rouges, ou jaunes. Pour les thés verts, différentes méthodes de fabrication existent, manuelle ou mécanisée. De même qu’on pratique des récoltes à la main, et des récoltes mécaniques. Il y a là une grande diversité…
Mes recherches m’ont tout d’abord conduit à rencontrer les thés de l’île volcanique de Jeju (à environ 130km au Sud de la Corée, et connue sous le nom de “île des Dieux”), où la production est assez importante puisque les conditions idéales s’y trouve réunies. Imaginez une île paradisiaque (oui, oui!), aux paysages sauvages, et à la végétation luxuriante. Visualisez les falaises sculptées par les eaux tumultueuses de la mer, les roches volcaniques, les cratères, mais aussi, les sources et les cascades… Le climat est doux et humide, souvent ensoleillé, mais également pluvieux. Vous ne serez pas étonnés de savoir que cet endroit est un haut-lieu touristique pour les coréens, et les japonais. Ce lieu, classé parmi les 7 “nouvelles merveilles du monde” reste préservé et protégé par le gouvernement. Les jardins de thé peuvent sereinement prospérer.
Les thés cultivés à Jeju bénéficient d’une grande vitalité puisée au coeur de cette nature exubérante. On a affaire à une énergie franche et intense, une force pure et puissante.
Ujeon (traduit aussi par Woojeon) désigne un thé récolté en tout début de printemps (jusqu’au 20 Avril, date appelée Kok-u), de quelque région que ce soit. Celui de Jeju est tout d’abord rapidement désenzymé à la vapeur, puis cuit et roulé dans une machine spécifique.
N’ayant pas à ma disposition de vaisselle coréenne, je prépare ce thé dans un service céladon chinois (je crois que ça devrait aller quand même…). Cette porcelaine vert tendre soutiendra parfaitement la couleur de la liqueur. Ce thé m’a immédiatement donné envie de le préparer dans la Nature, car il en est lui-même un concentré.
Les feuilles sèches sont fines et torsadées, d’un vert foncé, presque luisant. Leur parfum est frais et fruité. Lorsque je verse l’eau sur les feuilles, bien qu’étant à l’extérieur, leur étonnant parfum me parvient de manière intense. La liqueur présente une couleur très vive, verte et translucide.
Sa texture fluide caresse les papilles et descend dans la gorge en toute légèreté, laissant un voile de fraîcheur. Son goût surprend par sa délicatesse, aux notes florales et herbacées. Il a une petite nuance crémeuse tout à fait unique.
Cette journée de grande chaleur me permet de confirmer la faculté désaltérante et rafraîchissante de ce thé. Elle s’avère salutaire ces temps-ci. Mais ce n’est pas tout, car il me donne aussi un sacré coup de fouet, plutôt appréciable lorsqu’on se trouve ramolli par la chaleur! De plus, on sent clairement que cet Ujeon contient de nombreux principes actifs.
Au niveau du ressenti, on est dans le registre de la force, puissante et paisible à la fois, avec une grande impression de pureté. Il nettoie le corps et l’esprit, comme une vague verte qui emporterait toutes les scories sur son passage.
Après 5 infusions, les feuilles retournent tranquillement à la terre. Je crois que cette fois, elles ne sont pas loin d’avoir tout donné. C’est toujours agréable de pouvoir jeter les feuilles de thé dans un lieu digne de leur beauté.
Conclusion, ce thé est tout simplement très bon. Il me mène à une réflexion sur la diversité du thé dans le monde, à l’heure où l’uniformisation est en marche. Encore un message d’une importance capitale délivré par le thé. Mais j’espère sincèrement que ce type de message restera entendu.
La beauté sauvage de l’île de Jeju m’a tout de suite fait songer à l’une de mes pierres, qui s’est donc naturellement imposée pour accompagner cette session thé à l’extérieur. Cette pierre dont je ne connais pas le nom présente un côté brut (non visible sur les photos) qui rappelle qu’à l’origine, elle avait l’apparence d’un simple caillou. Sa face taillée, quant à elle, évoque la lumière, la puissance. Parfois, la nature a besoin de la main de l’homme pour révéler son inégalable beauté.
4 comments
Philippe de Bordeaux filipek
Comme une jolie promenade Coréenne cette dégustation, fraiche et onctueuse.
Le Céladon se marie bien avec les thés corréns j'y viendrai probablement un jour(Mattcha's Blog Référence). Quant à la pierre précieuse Nicolas Le Thé et Le Chemin pourrait confirmer : on dirait du Quartz qui a un fort Power!
Mes amitiés.
Nicolas
Super article, un thé que je souhaiterais rencontrer. Moi qui n'apprécie que très peu les verts chinois et japonais, j'avoue avoir été charmé par les verts coréens. Elles sont rares les rencontres avec cette qualité qui nous connectent avec la nature.
Pour la pierre, c'est en effet un quartz incrusté de rutil (ou cheveux d'ange). Celle-ci est une très belle pierre qui pourra t'accompagner plusieurs longues années encore.
Bien vu Philippe pour le fort power, elle le porte en effet.
Mes amitiés à vous deux
Nicolas
Charlotte Billabongk
MERCI à tous les deux.
Cela fait tellement longtemps que j'ai cette pierre… maintenant que vous me rappelez que c'est un quartz, je crois bien qu'on me l'avait précisé au moment de l'achat (les méandres de la mémoire!). Il faut dire qu'elle m'a toujours beaucoup fasciné et que j'en ai sans doute oublié le reste.
J'ai pu constaté que le céladon sublimait vraiment la couleur de ce thé vert coréen qui peut développer une nuance presque fluo. Je n'ai pas encore fait le tour complet de Mattcha's Blog, une véritable mine d'or qui constitue en effet une référence dans le domaine du thé coréen. C'est rare et précieux.
A bien des égards, ce thé a un caractère très franc et puissant, comme l'île de Jeju, (et comme la pierre). Je crois vraiment qu'il doit tirer cette force de son exceptionnel lieu de production.
Bien à vous
Charlotte.
Et Merci encore.
Coccinelle
Bonjour, j'ai découvert votre blog et j'ai cité/linké cet article sur http://laculturesepartage.over-blog.com/th%C3%A9s-verts-cor%C3%A9ens-de-l-ile-de-jeju
(PS : j'ai été obligée de me connecter avec un compte Google car il n'y a pas la possibilité Nom/URL).