A propos de Lu Shan :
“Peu à peu, par delà les formes, je devins familier, presque complice, des senteurs et des couleurs qui émanaient des touffes denses des feuilles de thé. Elles rompaient la monotonie de ma vie plutôt solitaire, (…) tant elles changeaient de nuances et de ton selon les saisons, les jours, voire les heures. Ces variations n’étaient pas dues uniquement à la température et à la lumière, mouvantes, il est vrai, dans cette région. Elles étaient provoquées par la présence des brumes et des nuages qui faisait partie intégrante du Mont Lu. (…) “Brumes et nuages du Mont Lu”, si célèbres qu’ils s’étaient mués en proverbe pour désigner un mystère insaisissable, une beauté cachée mais ensorcelante. Par leur mouvement capricieux, imprévisibles, par leur teintes instables, rose ou pourpre, vert jade ou gris argent, ils transformaient la montagne en magie…” (Le dit de Tianyi)
“Lu Shan : à force d’observer ces jardins de thé, je finis par connaître par coeur leur configuration : de vraies compositions savantes. Je constatais à quel point ces alignements réguliers et rythmés, apparemment imposés par les hommes, épousaient intimement la forme sans cesse différenciée du terrain, révélant ainsi les “veines du dragon” qui les structuraient en profondeur.” (Le dit de Tianyi)
A propos du Lac de l’Ouest de Hangzhou :
“Le lac au pied des collines, voilé par une brume éthérée, étale sa présence invisible et exhale la senteur nostalgique de l’infini. La digue, au milieu, trace un trait discret comme à l’encre sèche. On devine aussi la silhouette d’une barque qui se fait oublier dans le lointain souvenir de la Chine éternelle.” (Le dit de Tianyi)
Pensée :
“La vraie beauté est un élan qui vient de l’intérieur de l’être. (…) Cette beauté de quelque manière est reliée à la promesse initiale de la matière en expansion. Cette promesse, incarnée par le Souffle, a un contenu éthique pour la pensée chinoise, dans le sens de la Voie et de la vie ouverte.”
Poème :
Suivre le poisson, suivre l’oiseau.
Si tu envies leur erre, suis les
Jusqu’au bout. Suivre leur vol, suivre
Leur nage, jusqu’à devenir
Rien. Rien que le bleu d’où un jour
A surgi l’ardente métamorphose,
Le Désir même de nage, de vol.
(A l’orient de tout)
Les textes de François Cheng vous transportent au coeur de la beauté de la Chine et de sa culture (entre autre). Une idée de lecture pour vivre des instants magiques.
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